Vers une restructuration et un prolongement de la RD 400
RD 400 : un lifting et des ajouts
Au nord-est de la RD 400, la commune du Tampon. Au sud-ouest, celle de Saint-Pierre. Cet axe, qui dessert des zones aujourd’hui fortement urbanisées, voit passer chaque jour 19 000 véhicules ! Une fréquentation qui rime malheureusement avec saturation. Le Conseil départemental de La Réunion a demandé à Ingetec OI d’étudier les solutions possibles, à la fois de restructuration et de prolongement. Eclairages.
Communément appelée par les Réunionnais la « ligne des 400 » (car située à environ 400 m d’altitude), la RD 400 relie directement les quartiers tamponnais de la Chatoire et de Trois-Mares à la RN3. Or, depuis plusieurs décennies maintenant, ces quartiers ont connu une urbanisation galopante qui a contribué à faire enfler le trafic automobile sur cet axe de circulation, jusqu’à désormais totalement saturer ladite RD 400. Et c’est sans compter les difficultés rencontrées pour gérer un réseau hydraulique composé notamment de 5 ravines. Largement grignoté par les cases et les accès aux résidences, des problèmes d’évacuation causent régulièrement des inondations en aval.
« A l’origine, cette Route Départementale a été aménagée comme telle, selon les critères de fréquentation et de sécurité attribués à un axe ainsi défini », rappelle Christophe Mabille, responsable du Pôle Expertise Routière chez Ingetec. « Aujourd’hui, la RD 400 n’est plus adaptée du tout, aussi bien sur le plan structurel qu’aux niveaux environnemental ou encore signalétique. Elle était au départ censée relier des quartiers entre eux à travers les champs de canne. Finalement, elle est à considérer comme un axe spécifiquement urbain. Il va par conséquent falloir la repenser dans sa globalité ! »
C’est cette mission de restructuration que le Conseil départemental de La Réunion a confiée, début 2021, au cabinet Ingetec. « Nous allons devoir imaginer des solutions permettant d’apporter de la fluidité sur cet axe emprunté par environ 19 000 véhicules chaque jour, d’améliorer le quotidien des usagers, de sécuriser la circulation des piétons et des vélos », annonce Nicolas Sarret, chef de projet à la Réunion pour Ingetec OI. La restructuration sera déclinée en trois scenarii possibles, qui devront prendre en compte différents éléments au cœur du projet : la circulation routière, l’intégration de tourne-à-gauche, la pratique cyclable sur une voie dédiée et la pose de trottoirs pour les piétons. « La question est : sur l’emprise actuelle ? sur la totalité des quelques 4 km concernés ? par tronçons ? Nous sommes actuellement en phase d’étude, afin d’établir un diagnostic de l’existant (chaussée, hydraulique, paysager, foncier, réglementaire…) et de cerner les besoins et les attentes des acteurs concernés », précise le chef de projet.
Des contraintes hydrauliques
Particularité du projet de la RD 400 : la demande du maître d’ouvrage, en l’occurrence du Conseil départemental de La Réunion, est double. Non seulement restructurer la partie existante, entre la RN3 et le chemin Stéphane (RD 39), mais également créer son prolongement au nord-ouest. « Cette création de route permettra de désengorger un peu la RD 400 existante et d’offrir un itinéraire bis au quartier Dassy, dont les habitants sont pour l’heure obligés de passer par la RD 27 », détaille Nicolas Sarret. Lancée en 2018, l’étude de faisabilité a été reprise en 2020 par Ingetec. Si le tracé définitif (sur 1,7 km au total, dont 1 km totalement nouveau) à travers champs semble proche d’aboutir, l’une des grandes contraintes repose toutefois sur son volet hydraulique. « Dans cette zone désormais urbanisée, les infiltrations et les évacuations des eaux pluviales sont parfois rendues compliquées », constate Nazila Javanshir, responsable du Pôle Hydraulique et Rivières chez Ingetec. « Avec le prolongement et la création du tronçon routier, il s’agira donc à la fois d’assurer la transparence hydraulique (c’est-à-dire de préserver le ruissellement normal des cours d’eau malgré la nouvelle route), mais également de concevoir des aménagements de gestion des eaux pluviales de la plateforme routière» Ainsi, les apports routiers seront collectés/tamponnés et dans la mesure du possible infiltrés via des aménagements à mettre en place puis transférés stratégiquement vers les ravines environnantes, en ayant à l’esprit d’éviter les inondations en aval.
Une fois l’ensemble de la phase d’étude achevée, le chantier de la RD 400 pourra commencer. Par la restructuration ou par le prolongement ? « La question reste en suspens », avoue Nicolas Sarret. « D’un côté, l’idée d’un prolongement qui désengorgerait d’ores et déjà la RD 400 et faciliterait les travaux est séduisante. D’un autre côté, il faut considérer qu’une restructuration préalable permettrait de récupérer des matériaux dont la disponibilité fait parfois défaut sur l’île », conclut Christophe Mabille.
Reste à savoir l’option qui sera privilégiée par le maître d’ouvrage.