Bernica : voie lente, effets rapides !
Depuis octobre 2017, la voie lente dite du Bernica, entre l’échangeur de L’Eperon et celui de Bellemène (Saint-Paul Centre), est réservée exclusivement aux poids lourds et aux transports en commun. Initiée par la Région Réunion, cette expérimentation pilotée par les équipes d’INGETEC OI a finalement été pérennisée : elle a en effet permis de réduire significativement les temps de parcours des bus et cars sur cette section de la route des Tamarins, sans (trop) impacter les flux automobiles. Eclairages.
Du côté du Bernica, dans l’ouest de La Réunion, la pente est raide… À tel point que des voies spécialisées véhicules lents (VSVL) ont depuis l’origine été conçues sur la RN1, sur près de 4 km, pour permettre aux véhicules circulant à moins de 60 km/h d’emprunter ces forts pourcentages en toute sécurité, sans perturber le flux automobile général. Mais, à l’usage, il est apparu que cette voie lente était, dans le sens de la descente (Sud-Nord), considérée par les automobilistes comme une troisième voie de circulation. Notamment aux heures de pointe matinales, participant ainsi à l’effet « goulot d’étranglement », aux congestions de cette portion et, mécaniquement, aux retards des quelque 90 véhicules de transport en commun qui l’empruntent chaque matin.
C’est ce dernier point qui, en 2017, a amené la Région Réunion et ses partenaires gestionnaires des réseaux de transports à expérimenter une nouvelle organisation de la circulation dans la zone. Dédiée prioritairement aux véhicules lents, la voie de droite Sud-Nord a alors été réservée exclusivement aux transports en commun et aux poids lourds. « Pour un enjeu de taille : on l’ignore bien souvent mais, entre 6h30 et 8h30, près de 30 % des 6 800 usagers de cette portion se trouvent dans les transports en commun ! Il apparaissait donc essentiel de sortir les bus de la congestion automobile pour assurer la régularité et la fluidité des lignes concernées », explique Lionel Bonnard, responsable du pôle Mobilité du réseau INGETEC OI.
Signalisation et évaluation, la valeur ajoutée Ingetec
Dans un premier temps, INGETEC est intervenu pour ajuster l’ensemble des marquages au sol et de la signalisation routière entre l’échangeur de Plateau Caillou et la sortie Saint-Paul centre, soit 1,8 km de RN1. « C’était absolument indispensable pour prévenir les usagers de cette modification, a minima temporaire. » À partir des plans et des modifications établis par INGETEC, l’expérimentation est lancée le 6 octobre 2017. Encore faut-il maintenant mesurer, aussi rapidement que possible, son efficacité et son impact sur le flux automobile global.
« INGETEC a largement participé à l’évaluation du projet », détaille Nicolas Sarret, chef de projet dans l’océan Indien. En se fondant sur différentes données :
- les systèmes d’aide à l’exploitation (SAE) des gestionnaires de réseaux, pour évaluer les temps de trajet des lignes de transports en commun ;
- les « boucles de comptages » installées dans la chaussée pour recenser automatiquement les véhicules par tranches de 5 minutes ;
- les remontées de file et le taux de respect de la voie lente, grâce au réseau de caméras d’observation du Centre régional de gestion du trafic ;
- les émissions bluetooth des smartphones et GPS, captées anonymement dans les voitures circulant sur la portion, ce qui a permis de mesurer le temps de parcours sur les deux voies de circulation normale.
Après trois mois, les résultats répertoriés par le bureau INGETEC ont permis de constater la réussite du dispositif. Sur les lignes de transport en commun, qui peuvent désormais rejoindre la sortie Saint-Paul Centre sans difficultés ou presque, le temps de parcours a été réduit de 40 % environ, et l’amplitude entre les temps de parcours minimum et maximum a été divisée par plus de 2 ! Si le bénéfice est évident pour les usagers des transports, le préjudice semble avoir été limité pour les automobilistes usagers des deux autres voies de circulation. Au vu des données, il apparaît en effet que leur temps de parcours sur la portion concernée n’a augmenté que de manière limitée. « En conséquence, les automobilistes ont adapté leurs usages, en décalant leur horaire de trajet afin de compenser le temps de parcours supplémentaire sur cette section de la RN1. Ils se sont en quelque sorte auto-régulés », se félicite Lionel Bonnard.
Une réussite chiffrée qui a conforté la Région Réunion dans sa volonté de pérenniser l’expérience, et de créer à partir de l’existant un TCSP (Transport en commun en site propre) sur voie rapide. Un TCSP efficace, toujours en vigueur en 2021.